Auteur : Doreen Virtue
Artistes : plusieurs artistes ont été contactés (je suppose) pour prêter leurs œuvres existantes aux cartes.
Traduction : Suzanne Anfossi et Lou Lamontagne
Éditeur : AdA (Québec)
Année du jeu : 2004
Année de la traduction : 2007
Qualité des cartes : ça c’est plutôt bon.
Le livret : sa facture est positive, son contenu beaucoup moins.
Un jeu qui m’a été cédé il y a très longtemps, et je me servais de certaines représentations réussies pour les mettre sur mon autel. Mais aujourd’hui, il n’y a pratiquement plus que l’illustration de Vesta qui me plaît réellement. Je me suis rendue compte qu’il ne sortait jamais du tiroir parce qu’il n’avait aucun intérêt pour moi, ni dans le contenu, ni dans ces visuels (qui est le critère rédhibitoire) . Alors c’était le moment de m’en séparer et de le faire parvenir à quelqu’un qui peut en tirer quelque chose.
Je vais être très brève dans la revue, parce que je n’ai pas de temps à accorder à un tel jeu. En gros : Pour moi ça n’est pas un bon oracle.
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1°) Il n’y pas d’unité visuelle. D’abord parce que plusieurs artistes différents ont été choisi pour obtenir les illustrations. Ensuite, et surtout, parce que les illustrations ont été réalisées en dehors du jeu, avant sa création, et non pas pour représenter les divinités choisies (le principe de commande). Finalement, la qualité laisse clairement à désirer : certaines images sont très nettes, d’autres beaucoup plus floues. On voit que les formats d’images n’étaient pas les mêmes d’une carte à l’autre.
2°) La mise en page laisse à désirer selon moi. Certaines couleurs de police tranchent bien trop avec la couleur de l’arrière plan de la carte, et du coup l’illustration en prend un coup, se retrouve « étouffée » et moins visible (alors qu’elle devrait être au centre). D’ailleurs, les polices choisies sont particulièrement basiques et non « inspirées ». Ouvrez n’importe quel logiciel de traitement de texte gratuit, et vous aurez la même police de base… je trouve que pour un jeu sur l’esthétique des déesses, ça ne marche pas.
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3°) Les messages sont flous, et incohérents par rapport à leurs illustrations. Probablement trop « New Age » à mon goût (pour rappel, je sis polythéiste et je mets un point d’honneur à respecter les traditions des divinités avec lesquelles je suis en contact) : les informations « divinatoires » ne sont donc pas en rapport avec la culture de la déesse en question. Exemple 1: Dana, « grande prêtresse », « vous possédez une connaissance divine, et par votre enseignement spirituel vous pouvez aider les autres. » Dana est une divinité, pas une grande prêtresse, ça me pose souci de lire cela, à cause de la culture irlandaise ; du coup je ne « comprends » pas la carte, je ne peux pas m’identifier et l’utiliser. C’est une barrière totale. Sans parler du fait de parler de connaissance et d’aider les autres. A la limite, Cerridwen est une déesse celte associée aux savoirs et à la connaissance magique ! Là ça aurait marché… mais Dana ? Non, ça ne va pas. Exemple 2 : Maeve, « cycles et rythmes », « honorez les cycles qui régissent votre corps, votre niveau d’énergie et vos émotions ». Je ne vois littéralement aucun rapport avec cette déesse, on dirait qu’on me parle d’une autre. Une déesse de la Lune, j’aurais compris qu’on me parle de cycles (ou même Perséphone). Mais pas Maeve. C’est complètement à côté de l’histoire de la divinité. A noter : certaines cartes ont des messages plus justes (comme Artémis et Diane), mais ça ne rattrape pas l’ensemble.
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4°) Lorsque les messages peuvent être juste, ce qui me pose problème ce sont les illustrations extravagantes, si le message n’est par chance pas New Age, les illustrations le sont. Très fantaisistes, aujourd’hui je n’accroche plus à cette esthétique. Exemple 1 : la carte d’Athéna, représente une femme en tenue Renaissance ! Pour moi cette information visuelle est incohérente, mon cerveau ne peut pas l’accepter, je ne peux faire le lien entre le message, la carte, et la réelle déesse qui est censée être invoquée derrière. Ce n’est pas un hommage, cela ne sert aucun but d’avoir choisi cette femme de cette époque ; c’est juste un « copié collé » (sens métaphorique), on a pris au pif une illustration qu’on trouvait jolie, et comme il y a une chouette, on l’a retenue pour « Athéna ». Ca ne marche pas. Exemple 2 : « Damara » représentée comme une gentille fée victorienne, la fleur aux cheveux… Exemple 3 : Nemetona, qui est une déesse très locale, absolument « végétale », liée aux « nemeton » ou bois sacrés… représentée avec des bougies partout autour d’une immense croix chrétienne.
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5°) Au final, ces messages génériques n’ont pas vraiment vocation à répondre à des questions en tirage, car ils sont trop abstraits, et ne touchent pas du tout tous les domaines de vie. On peut se dire alors que c’est plutôt un oracle de guidance, une carte au quotidien… Mais en réalité les messages ne m’apportent rien non plus de cette façon.
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A noter que je ne suis même pas rentrée dans l’aspect « biographique » du jeu, des problèmes liés directement à l’auteur. Pour une fois je me suis contentée de regarder le produit (manque de temps). Mais je rappelle brièvement : Doreen Virtue a été au cœur de deux des grands drames de la sphère païenne il y a de nombreuses années maintenant. D’un côté, elle était un auteur reconnu comme étant avide d’argent, vendant des jeux à la pelle, surfant sur toutes les modes, etc (cf. le New Age et ses réappropriations culturelles et capitalistes). De l’autre côté, elle est devenue soudain membre d’une « secte » chrétienne, et rejetant tout ce qu’elle avait fait auparavant, le qualifiant de démoniaque. Cela a posé également des soucis pour les formations de voyance qu’elle donnait, mais je n’ai plus le détail. Note : d’ailleurs elle a beau eu dire que c’était démoniaque, ses jeux n’ont pas été retiré des ventes, et certains de ses sites de formation sont toujours en ligne… la belle hypocrisie.
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EDIT: je suis allée faire mon taff correctement et j’ai fait quelques recherches, car la dernière phrase ci-dessus me posait fortement problème. C’est quand même une sacrée affirmation sans avoir vérifié… Or il s’avère que D. Virtue, sur ce point, a tenté de faire preuve de cohérence : retirer ses jeux de la vente quand c’est possible (US, mais pas à l’étranger), faire retirer son nom des jeux, reverser les fonds reçus de la vente des jeux (a-t-on seulement une preuve ? … je ne crois pas, mais bon, on peut imaginer qu’elle ne veut pas de cet argent). Le détail ici sur son article, je vous présente le plus essentiel qui peut se traduire facilement :
[…] livret, boîte et cartes). Je n’ai jamais fumé. J’ai eu des chats. Voir la revue ici : http://sur-le-seuil.com/2019/01/review-revue-rapide-des-cartes-oracles-des-deesses/ Prix : seuls les frais de port sont à avancer, je donne ce jeu. […]